Et maintenant ?
Le bruit des klaxons, du chien du voisin qui aboie, du collègue qui râle après ses problèmes informatiques, tous ces sons qui sont de l’ordre du domaine du bruit de fond habituellement sont amplifiés ce matin (14h29, quoi ?) comme après une bonne nouba où on a bien trop picolé, on a un peu peur des conséquences, mais où on s’est quand même sacrément marré.
Quelques heures à peine après le sacre de Happy en DreamHack Stockholm, qui – absence de Chinois ou pas – marque au fer rouge et en toutes lettres « Numéro un mondial » sur le front du Tsar, la question qui nous faisait nous gratter la tête prend une résonnance particulière au crépuscule d’une deuxième année gâchée par le COVID : et après ?
Après deux ans d’ESL Pro Tour, où seules l’intro (Anaheim 2020) et la conclusion (Stockholm 2021) auront permis de voir s’affronter les joueurs en offline, difficile d’apporter une réponse simple tant l’investissement lourd (205 000$ par année répartis sur les différentes DreamHack et Open Cup) n’a a priori que peu de chance d’être réédité par une organisation autre que la firme esport de Cologne. Conséquence indirecte d’un remake Reforged raté, et balayé sous le tapis par Blizzard, comme l’enfant handicapé qu’ils n’auraient jamais aimé avoir. Mais assez tiré sur le géniteur, dont le karma semble déjà s’occuper, … et puis on a assez pleuré, « let’s move on ».
À moins donc d’un Deus Ex Machina où Elon Musk/Bill Gates/Max blindé à la crypto viendrait injecter des sommes records dans un jeu qui ne rapporte rien, tout porte à croire que pour ses 20 ans, Warcraft 3 ne devra son éventuel salut que grâce à la communauté. Pas vraiment une surprise, ni une réelle nouveauté. Parmi les acteurs « globaux », on pourra vraisemblablement continuer à s’appuyer sur la triforce du game: Back2Warcraft, W3Champions et Gym, où les satellites que représentent les communautés de streamers/joueurs (ToD, iNSUPERABLE, SyDe, etc.) tenteront de continuer à exister, à moins qu’eux aussi s’envolent vers d’autres cieux. Avec une ligue Warcraft3.info qui reprend de plus belles, une Nations League (qu’on organise, donc qui sera forcément géniale), et sans doute encore d’autres événements à venir (on nous en a soufflé dans l’oreillette !), il est acté que 2022 ne signera pas l’arrêt de mort du jeu, en tout cas pas encore.
Qu’espérer alors sans trop trembler des genoux ? On peut imaginer facilement un événement organisé ou coorganisé par le triptyque sacré (et plus si affinité), une grande messe de fin d’année ou des cups régulières, le tout financé par la communauté. Fort probable, on a encore les moyens à notre échelle de réaliser ce genre d’événements, mais comment garder motivés les troupes ? Le circuit DreamHack mettait un coup de projecteur sur le jeu, qui entretenait ça et là une flammèche de chauffe-plat, suffisante pour réchauffer les cœurs. Les spotlights en position off, on écarte de fait l’attractivité du jeu ; comme une lampe attire les éphémères : c’est une fois éteinte qu’on compte les morts.
Ça passera donc par du contenu (événements, tournois) et (beaucoup) de travail sur la communication. Et probablement aussi une part de chance. La question qui reste en suspens n’est donc pas de savoir « si » ou « qui », mais de savoir « combien ». Combien de billets verts, pour combien de temps, etc. avec toujours derrière en toile de fond, l’ombre d’un Géant de Glace, qui prend de plus en plus de place.